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Sociétés secrètes chinoises

 

 

 

La Chine est un pays où les sociétés secrètes ont foisonné, sous toutes les formes possibles. Cet immense pays a compté d'innombrables variétés de groupements clandestins qui liaient entre eux les représentants des activités économiques et sociales les plus diverses : les agriculteurs, les commerçants, les hommes politiques, les militaires, les religieux et même les mendiants et les voleurs.

La chute de la dynastie des Ming au profit de la dynastie mandchoue des Ts'ing est un facteur essentiel de l'existence de ces sociétés dont la vaste majorité visait à restaurer la dynastie des Ming (comme la Triade). On retrouve notamment dans la société Hong un rituel qui fait clairement allusion à la destruction de la dynastie régnante et au rétablissement des Ming.

Mais il convient d'observer que le nom 'Ming' a plusieurs sens parmi lesquels certains se rapportent à la restauration de la Lumière. En effet, si l'on s'en tient à une réalité historique précise, il n'existe plus de descendants des Ming. L'auteur B. Favre remarque à ce sujet que les noms ming et ts'ing signifient aussi lumière et ténèbres, principes opposés qui, dans ce cas, évoqueraient le yang positif et le yin négatif. " Restaurer les Ming ", selon cette interprétation, serait une formule qui proposerait à l'initié de détruire en lui les ténèbres négatives et de restaurer la lumière positive primordiale.

D'autre part, le caractère 'ming' se compose lui-même de deux autres hiéroglyphes : soleil et lune. Le Ming tang qui figure dans les loges Hong serait alors une réminiscence de la Maison de la Lumière, du temple dans lequel le Fils du Ciel des anciennes dynasties devait. Chaque année, accomplir un voyage symbolique afin de créer de nouveau le temps et le monde, selon les accords précis du rythme universel.

 

 

La Triade

 

La Société Hong

Sans doute la sociéte secrète qui a le plus marqué l'histoire de la Chine. Ses origines sont floues, l'opinion la plus vraisemblable étant que les Hong proviennent d'autres sectes fondées au début des Ts'ing. Cette dynastie ne cessa, depuis son établissement en 1644, jusqu'à sa chute en 1911, de devoir faire face aux révoltes organisées par les sociétés secrètes.

L'activité politique de la Triade se manifesta de façon certaine en 1787, lors d'une révolte à Formose. Cependant des édits officiels de 1747 et de 1786 signalent déjà le caractère séditieux de cette société qui mena une lutte intense pour le triomphe des idées nationalistes. Il serait trop fastidieux de décrire leurs rituels, mais certains auteurs ont fait un parallélisme stupéfiant avec la franc-maçonnerie occidentale. Notons tout de même la grande présence de la couleur rouge (symbole de l'initiation) et de la numérologie alliée à l'astrologie : les nombres 36, 72 et 108 reviennent constamment et correspondent aux 36 T'ien Kang (étoiles célestes) et 72 Ti Cha (étoiles terrestres) de la cosmologie taoïste. Au sein d'une loge Hong, chaque fonction est désignée par un numéro : 489 pour le maître, 432 pour le messager, 438 pour le recruteur, 426 pour le responsable de la discipline, 415 pour le financier et 49 pour le reste des initiés. Un langage propre a aussi été développé. Ainsi, les membres de la Société Hong sont appelés des chevaux, les néophytes étant des nouveaux chevaux, et tenir une réunion se dit 'fang ma', lâcher les chevaux. Certains éléments montrent en outre une influence de moines de Shao-Lin dans la fondation de la Triade, d'où la présence d'une tradition guerrière monacale.

La Société Hong influença et parraina d'autres sociétés secrètes. Dans les années 1850, elle eut assez de pouvoir pour soutenir la révolte des Tai p'ing, une rébellion massive contre la dynastie mandchoue. Mais en 1864, la révolte fut matée et de nombreux Hong quittèrent la Chine pour Hong Kong et les Etats-Unis. Les autres continuèrent la lutte contre les Mandchous mais aussi tous les étrangers qui avaient envahi la Chine. La Triade fut alors si persécutée qu'elle se tourna vers le crime pour subsister.

Son influence sur les opposants à la dynastie des T'sing fut telle qu'après l'abdication de cette longue lignée en faveur du Guomindang nationaliste et républicain, son leader et premier président de la Chine, Sun Zhongshan, fit un hommage public à la tradition de la Société Hong : il se rendit au tombeau des Ming afin d'annoncer aux ancêtres, qu'après des siècles de luttes et de sacrifices, la dynastie T'sing des despotes mandchous était enfin détruite et que, de nouveau, l'Empire du Milieu appartenait aux Chinois, aux " Fils de la Lumière ". Son successeur, Jiang Jieshi (Tchang Kaï-Chek), utilisa la Triade comme une sorte de police secrète pour affermir le pouvoir de son gouvernement et du Guomindang.

Lorsque les communistes prirent le pouvoir, un nouvel exode des Hong pour les Etats-Unis et Hong Kong se fit dans la masse des boat people.

Aujourd'hui, on voit dans la Triade l'équivalent chinois de la Mafia. Evidemment, ce n'est qu'un leurre. La Société Hong a conservé ses traditions au travers certaines loges et reste très vigilante vis à vis des " envahisseurs occidentaux " et de leurs propres sociétés secrètes.

Les Tongs (Fraternités)

Il fallait bien parler du développement de la Triade aux Etats-Unis. Arrivés au XIXe siècles, ses membres ne perpétuèrent la tradition que de façon tronquée : ils créèrent les Tongs. Contrairement à l'imaginaire collectif, ces groupes n'ont pas tous une vocation criminelle. A l'origine, ils formaient un réseau d'entraide pour les Chinois, sujets à nombre d'abus et de discriminations. Avec le temps, les Tongs contrôlèrent totalement les communautés chinoises et firent de grands profits en jetant leur dévolu sur le commerce de la drogue, la prostitution et les jeux.

Entre les années vingt et trente, les communautés furent marquées par des rivalités entre les Tongs mafieux qui se réglaient a coups de hachette. Aujourd'hui, les Tongs, aussi connues sous le nom d'associations bienfaisantes forment une organisation fraternelle dévouée au soutien des intérêts de la communauté chinoise aux Etats-Unis et à son bien-être, un lobby en somme. Et si toutes ne sont pas corrompues, il n'en reste pas moins que les grands criminels chinois se cachent derrière elles.

Taiwan et la Triade

Remontons dans le temps, jusqu'à la victoire des communistes sur le Guomindang en 1949. Jiang Jieshi dut se replier sur l'île de Formose, suivi de près de 2 millions de nationalistes. L'île devint alors le territoire de la République de Chine avec le soutien des Etats-Unis. On a vu que les Hong et le Guomindang étaient très liés. Durant les années 50 et 60, les sociétés secrètes qui soutenaient le gouvernement de Formose luttèrent contre les communistes de Mao Zedong sur le continent même. On ignore d'ailleurs toujours quelle fut leur influence exacte sur le Parti Communiste chinois. A Malaya, aux Philippines, en Afrique, en Angleterre aux Etats-Unis comme dans toute l'Asie du Sud-Est, la Société Hong exerçait encore (et toujours) une puissante influence par ses filiales dans les communautés chinoises expatriées (dont les Tongs en Amérique du Nord).

Mais les troupes des Tai p'ing, soutenues par les Hong, prêtèrent serment, dès 1850, de s'engager à demeurer unies dans la mort comme dans la vie et qu'elles avaient décidé que toute propriété privée serait désormais le bien de tous. Elles mirent ainsi en pratique les théories communistes près d'un siècle avant leur triomphe en Chine.

Ces faits rendent très difficile, pour ne pas dire impossible, tout jugement sur les véritables buts de la Société Hong. On peut simplement affirmer qu'elle prépare actuellement la Chine à devenir l'instrument de la " paix universelle " telle que les Hong la conçoivent et sans tenir compte des obstacles qui l'empêcheront de réaliser " l'inondation ", prévue pour la fin de ce siècle et que l'on peut rapprocher de notre Apocalypse. Notons à ce sujet que le mot Hong, parmi ses multiples sens symboliques a celui de flux, ou encore et plus justement, d'inondation.

 

 

D'autres sociétés

 

T'ai p'ing tien kouo (Empire céleste de la paix éternelle)

Nom de la future dynastie que voulait instaurer le leader des rebelles de la " Guerre des Triades ", Hong Sieou-ts'iuen. Ce personnage extraordinaire, avec ses 'Tai p'ing', mena la révolte contre la dynastie mandchoue durant quinze ans, de 1849 à 1864, et se proclama le restaurateur de la dynastie Ming, affirmant ainsi publiquement sa mission occulte, selon la formule initiatique de la Société Hong : " Triomphez des Ts'ing et restaurez les Ming ! ". Les Tai p'ing tenaient leur nom des rituels Hong. Ce mouvement dévasta seize provinces, détruisant six cents villes et causa la mort de plusieurs millions d'êtres humains. Lorsque Nankin, dernière citadelle des Tai p'ing, fut assiégée, Hong Sieou-ts'iuen donna une fête aux lanternes et fit étrangler ses nombreuses épouses avec des lacets de soie. Puis il s'empoisonna avec ses derniers fidèles en utilisant des feuilles d'or spécialement préparées qu'il ingurgita.

Société de l'Épée géante

En 1900, un groupe de nationalistes xénophobes s'attaqua aux légations étrangères à Pékin, nécessitant l'intervention d'un corps expéditionnaire qui mata la révolte dite des " Boxers ". On apprit qu'elle avait été encouragée par l'impératrice CiXi. On sait moins que ces boxeurs, dont le nom véritable était " Poings de la juste harmonie ", formaient le corps de garde d'une société secrète. A l'aube du XXe siècle, ils bénéficiaient d'un entraînement dans les profondeurs des temples où ils devaient se livrer à des invocations, des jeûnes, des récitations de formules magiques et des exercices physiques analogues au Yoga. Ils avalaient diverses drogues et même des diagrammes mystiques écrits sur du papier rouge. Le but de ces pratiques était de rendre les combattants insensibles à la douleur et certains de leur invulnérabilité surnaturelle. La société à laquelle les boxeurs appartenaient, la Société de l'Épée géante, disait tenir sa tradition magique de l'enseignement des moines combattants de Shao-Lin.

 

 

 
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