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L'Ordre de Sainte-Marie-de-Jérusalem

Récits sur les chevaliers à la croix noire

 

 

Terræ Sanctæ

L’origine des Chevaliers teutoniques est au moins aussi mal connue que celle des Templiers. On admet que l’Ordre teutonique se serait constitué en 1128 – ou en 1118 – avec la fondation, par un marchand allemand, d’un hôpital destiné à ses compatriotes auprès duquel fut érigée une chapelle destinée à la Vierge. L’ensemble fut désigné sous le nom de Maison de Sainte-Marie-des-Allemands-de-Jérusalem, et placé, en 1143, sous l’autorité des Hospitaliers.

Il est certain qu’à cette époque l’Ordre de Sainte-Marie ne cachait aucune structure ésotérique. En réalité, on peut même considérer qu’il fut le jouet de l’Arcane III dans les luttes étouffées qui agitèrent la Terre Sainte. Face à l’Arcane du Bâton, l’Impératrice, largement infiltrée au sein des autorités de Constantinople, et parmi les Maures, chercha toujours à rapprocher les deux civilisations pour éviter un massacre général qui l’aurait affaiblie. Les Chevaliers teutoniques étaient des agents idéaux. Avec la volonté affichée de se démarquer de la politique belliciste et hégémonique des Templiers, l’Ordre de Sainte-Marie fut toujours favorable aux trêves, recherchant des solutions diplomatiques pour éviter les aléas de la guerre sous l’impulsion de Hermann de Salza, à la tête de l’Ordre de 1210 à 1239. C’était effectivement tout le contraire de la politique des Templiers, toujours prêts à en découdre avec les infidèles, quitte à provoquer des échecs retentissants. En 1227, les Chevaliers teutoniques s’attelèrent à la construction du château de Montfort, au nord-est d’Acre. Château qui, une fois achevé, devint la résidence du Grand Maître et symbolisa l’indépendance de l’Ordre par rapport aux Hospitaliers.

L’Impératrice voulut accroître son influence en Europe par l’entremise d’Hermann de Salza. Ce dernier, devenu le confident de l’empereur allemand, organisa le mariage avec Yolande de Brienne, fille du roi de Jérusalem. Le but était clairement pour l’empereur d’entrer dans la succession au trône de la ville sainte. Il fut effectivement couronné en 1229.

On ne peut pourtant pas dire que les visées de l’Impératrice furent atteintes. Après la mort d’Hermann de Salza, son influence au sein de l’Ordre de Sainte-Marie disparut, et des rapprochements eurent lieu avec les Templiers. La défense d’Acre du 5 avril au 18 mai 1291 vit ainsi pour la dernière fois l’union des ordres sous un même idéal. Malgré une résistance héroïque, ils ne purent empêcher la prise de la ville et l’épouvantable massacre qui s’ensuivit. L’épopée des croisades s’achevait dans le sang. Les Chevaliers teutoniques se tournèrent définitivement vers leur empire en Prusse.

 

Asia Slavia

Le Cercle de l’Épée

L’établissement des Chevaliers teutoniques en Europe de l’Est se fit en 1211, après que le roi André de Hongrie les invita à installer un poste avancé en Transylvanie. En 1225, le duc Conrad de Masovie demanda en dernier recours l’aide des Teutoniques pour juguler l’invasion de son territoire. Ainsi commença la mainmise de l’Ordre sur les territoires de Lituanie et de Pologne. La campagne contre les Baltes païens dura cinquante ans.

Aperçu historique

 

Au début du XIIIe siècle, la situation est au plus mal en Pologne. Morcelé en plusieurs principautés et rongé par les luttes entre nobles, le pays fait l’objet d’une nouvelle vague d’invasions des Bruzi, population balte et païenne. La Masovie, province qui couvre le Nord de Varsovie, est submergée et doit faire appel aux Chevaliers teutoniques ainsi qu’à l’Empire. C’est le début d’une longue campagne de «pacification». À la fin du XIIIe siècle, quand les derniers résistants se sont réfugiés en Livonie, la plus grande partie de la population prussienne a été massacrée et remplacée par des colons allemands et polonais.

Les Chevaliers teutoniques profitent de la guerre pour s’attribuer de larges territoires dont la Poméranie, région la plus au nord de la Pologne.

La paix revenue, la Pologne retrouve un roi. Et les tensions ne tardent pas à monter entre la Couronne et les Chevaliers teutoniques, largement considérés comme des envahisseurs. Ceux-ci occupent aussi de larges domaines en Prusse orientale. Notamment la Livonie, région qui couvre les actuelles Lettonie et Estonie. La situation empire quand l’héritière du trône polonais épouse le grand-duc de Lituanie, Jagellon, qui se convertit à la religion catholique. Le nouveau grand état ne supporte plus la tutelle des Chevaliers teutoniques et la bataille de Tannenberg, en 1410 consomme la déchéance de l’Ordre allemand. Ses territoires se réduisent à la Poméranie et à la Silésie. Quant à la Pologne, elle doit encore faire face à l’hégémonie de la Russie…

 

En 1237, l’Ordre absorba les Chevaliers porte-glaive, une petite mais puissante fraternité militaire basée en Livonie. C’est à cette époque que l’Ordre teutonique commença à appréhender la réalité magique du monde. Dans leurs combats contre les païens, les Chevaliers porte-glaive avaient accumulé des preuves de l’existence de cultes du sang Selenim. Il fallait mettre à bas les divinités sanguinaires qui régnaient sur ces territoires. Ainsi se constitua le Cercle de l’Épée au sein des Chevaliers teutoniques: une petite assemblée qui étudiait attentivement les pratiques païennes afin de repérer l’influence des cultes du sang. Les connaissances avancées des Chevaliers teutoniques sur les Selenim et leur transformation en homoncules remontent probablement à cette époque.

Après 1307 et la chute du Temple, certains de ses membres rejoignirent les Chevaliers teutoniques. Cependant, force est d’admettre que l’Ordre de Sainte-Marie ne rejoignit pas pour autant la structure des Chevaliers Invisibles. Les rescapés qui intégrèrent l’Ordre teutonique ne connaissaient rien de Tubalcaan et des véritables plans du Temple de la Vie. Par contre, il est certain que le Cercle de l’Épée étendit ses recherches aux Nephilim. Quelques contacts avaient bien été pris avec le Temple durant le développement de la Sainte-Vehme, mais ils furent sans résultats concrets.

Troubles religieux

Les choses changèrent profondément lorsque Jagellon unifia les Couronnes de Pologne et de Lituanie et se convertit à la foi catholique sous le nom de Ladislas. Ce retournement de situation fut en partie dû à un Selenim opportuniste du nom de Grazk qui était parvenu à se glisser dans l’entourage de Jagellon. Son idée était simple. En montrant que les régions de Pologne et de Lituanie étaient désormais pacifiées sous l’autorité d’un roi catholique, c’étaient les fondements mêmes de l’existence de l’Ordre de Sainte-Marie qui étaient attaqués. Et, effectivement, la tension monta rapidement entre le nouveau royaume de Pologne et les Chevaliers teutoniques. La bataille de Tannenberg, en 1410, fut le point d’orgue de cette escalade. L’Ordre de Sainte-Marie fut balayé, deux cents chevaliers et quarante mille soldats furent massacrés. Parmi eux, le Grand Maître et presque tous les premiers officiers de l’Ordre. Sans l’intervention de Heinrich Reuss von Plauen, chargé de la défense de la Poméranie, l’Ordre aurait sans doute totalement disparu. L’homme parvint à fortifier la défense de Marienburg et à en faire le refuge des chevaliers survivants. La cité soutint sans coup férir le siège de l’armée nombreuse de Ladislas. Au sein de celle-ci se trouvait un groupe de Nephilim qui propageaient les idées hussites. Le rôle de ceux-ci dans le déroulement de la bataille resta peu clair. Ils ne furent certainement pas à la tête des troupes de Ladislas. Cependant, la tradition de l’Ordre teutonique (O.T.) fustigea directement les Nephilim et les vit comme les responsables de la mort des éminences de l’Ordre.

Heinrich Reuss fut nommé Grand Maître de l’Ordre et conclut le traité de Torùn avec le roi de Pologne. La lente déchéance des Teutoniques commença… Ce que peu savaient, c’est que Heinrich Reuss était le maître du Cercle de l’Épée. L’influence de celui-ci devint alors très grande, la chasse aux Selenim et aux Nephilim prit une nouvelle ampleur.

La Réforme porta un nouveau coup aux Teutoniques. Martin Luther exhorta les chevaliers à renoncer à leurs vœux et à prendre femme. Une véritable cassure s’opéra lorsque le Grand Maître Albrecht de Hohenzollern adopta la foi réformiste alors que le Maître de la Province d’Allemagne restait fidèle à l’Église. Pendant ce temps, la province de Livonie en profitait pour prendre son indépendance sous l’impulsion de son Maître, Walther von Plettenberg, nommé Prince de l’Empire. Le Cercle de l’Épée affichait ainsi clairement des visées politiques, loin de l’idée de base de lutter contre les Selenim et leurs cousins les Nephilim. Le véritable idéal des Chevaliers Invisibles de Tubalcaan avait fait son chemin et le Cercle de l’Épée espérait établir un État soumis à la loi du Bâton. Mais cela ne dura pas. En 1530, le nouveau Grand Maître, Walther von Cronberg, reprit l’Ordre en main et, si les conflits purement religieux ne s’arrêtèrent pas pour autant, les prétentions du Cercle de l’Épée furent stoppées net.

 

 

Helvetia Germanica

Nouvelle aube

Malgré les nombreux conflits politiques qui secouaient l’Europe de l’Est, l’Ordre de Sainte-Marie rayonnait en Allemagne où il était la quintessence même de la chevalerie. Pourtant la situation n’y était guère plus glorieuse. C’est ainsi que purent se développer les tribunaux de la Sainte-Vehme jusqu’à leur paroxysme au XIIIe siècle. Rendant la justice là où les autorités affaiblies n’en étaient plus capables, les Francs-Juges étaient craints par tous, des chevaliers-brigands aux seigneurs, des paysans aux évêques. Ils firent même comparaître l’Empereur Frédéric III devant leur cour. L’Ordre teutonique fut très intéressé par cette société et l’idéal d’ordre et de sécurité qu’elle véhiculait. Le Temple fut lui aussi très attiré par les Francs-Juges, mais pour d’autres raisons. Il y voyait un moyen de pourchasser les Nephilim à travers le Saint Empire, en toute discrétion. C’est à cette époque que les premières alliances furent passées entre le Temple et le Cercle de l’Épée. Ce dernier se concentra dès lors sur les Nephilim. La Sainte-Vehme resta aux mains des Teutoniques et l’influence du Temple de la Vie fut toujours discrète, même lorsqu’il devint clair que le Cercle de l’Épée était digne de rejoindre l’Arcane du Bâton. Les Nephilim de l’époque considérèrent d’ailleurs les Chevaliers teutoniques comme de simples exécutants du Temple.

Maximilien de Lorraine

Il fallut attendre 1583, et l’échec de la rencontre de Saint-Jean entre Templiers français et anglais, pour que les Templiers s’intéressent réellement à l’Allemagne. John Dee se rendit à Prague afin d’organiser les bailliages de l’Est. Le but était que les initiés allemands remplacent ceux du bailliage Francia, considéré comme perdu par John Dee. C’est à ce moment que le Cercle de l’Épée intégra réellement la structure du Bâton et prit en charge la direction des bailliages germaniques. Le Grand Maître de l’Ordre de Sainte-Marie laissa les pleins pouvoirs, sans abdiquer, à l’Archiduc Maximilien d’Autriche, chef du Cercle de l’Épée. Les visées du Cercle et de l’Ordre de Sainte-Marie-de-Jérusalem se confondirent bientôt. A tel point que le Cercle prit le nom d’Ordre teutonique au sein du Bâton. Son influence fut grandissante à la Cour impériale et culmina au XVIIIe siècle avec le règne de Maximilien de Lorraine à la tête de l’Ordre teutonique ésotérique et celui, officiel, des Chevaliers teutoniques de Sainte-Marie. Dernier fils de l’empereur d’Autriche, Maximilien fut un homme cultivé qui se lança dans une carrière ecclésiastique lumineuse. Il devint ainsi archevêque de Cologne et électeur de l’Empire. Il fut le mécène de Haydn, Mozart et Beethoven. Il entretint des liens privilégiés avec de nombreuses loges maçonniques. Lucide en politique, il fit tout son possible pour prévenir sa sœur Marie-Antoinette contre l’orage qui montait en France; lorsque celui-ci éclata, il ne montra aucune surprise. Partisan des objectifs fondamentaux de la Révolution, il ouvrit pourtant ses portes à l’aristocratie française en fuite et dépêcha l’un de ses meilleurs hommes, le chevalier de Maison-Rouge, pour tenter de sauver sa sœur. Maximilien de Lorraine fut le symbole de la grandeur de l’Ordre teutonique de l’époque. Après sa mort, l’influence des Teutoniques périclita à la Cour d’Autriche. Il est probable que l’Ordre comprit qu’il lui fallait rompre avec l’Empire austro-hongrois. C’est à la Cour de Prusse que les agents du Bâton incitèrent Frédéric II à créer l’ordre de la Croix de Fer. Largement inspiré par le symbolisme et la mythologie des Chevaliers teutoniques, cet ordre profane devint le nouveau visage du Cercle de l’Épée. Liant sa destinée à la Prusse, l’O.T. fut aux côtés de Bismarck durant l’invasion de 1871. Les Prussiens réinventèrent l’histoire de l’Ordre officiel de Sainte-Marie pour expliquer l’origine des traditions militaires de la Prusse.

Les Années Noires

La suite mêle l’Ordre aux périodes les plus sombres de l’Allemagne. L’Ordre teutonique vit de belles opportunités dans l’essor du parti nazi. Il créa de toutes pièces une obédience de premier degré pour supporter les chemises brunes et les utiliser contre les Nephilim, ce fut la naissance de l’Ordre du Temple Rénové. Il aurait été possible de s’arrêter là, ce ne fut pas le cas. Hitler fut pris pour une marionnette facile et l’Ordre teutonique décida de s’impliquer profondément au sein du régime après 1933. Malheureusement, l’Ordre officiel de Sainte-Marie et les descendants des familles nobles et partisanes des Habsbourg s’opposèrent véhémentement au NSDAP. L’Ordre de Sainte-Marie-des-Allemands-de-Jérusalem fut donc dissous en 1938. Persuadés que les temps étaient venus, les Teutoniques décidèrent de se révéler au grand jour, comme le Temple en 1199. Les phalanges noires SS devinrent ainsi les récipiendaires de leur enseignement ésotérique. En une nébuleuse occulte, elles régnèrent sur l’Allemagne aux côtés de Hitler. Reinhardt Heydrich, chef du service de la sécurité SS (SD) et de la Gestapo, fut une éminence de l’O.T., sans doute son Sénéchal. Surnommé l’Archange, il fut même intronisé au sein du Prieuré de Sion, mais son assassinat brisa sa carrière démoniaque.

On ne pourrait pourtant dire que l’O.T. régna sur l’Allemagne durant les Années Noires… La Fraternité syncrétique de Thulé fut aussi un acteur occulte majeur, avec la Confrérie de Zagréus, les Rose+Croix et certains Synarques. Ce fut une danse autour de Hitler afin de savoir qui possédait réellement une influence sur le petit diable. On pourrait s’étonner que personne n’ait songé à l’abattre pour prendre les choses plus en main. Sans doute Hitler sut-il habilement jouer avec les conflits entre chaque faction…

Et pourtant, il y eut bien des tentatives d’assassinat. Notamment celle du 20 juillet 1944, l’opération Walkyrie. Fomentée par quelques militaires et par des membres de l’Abwehr, le service de renseignement militaire, elle fut un échec. On sait qu’elle était parrainée par Ludwig Beck, un général à la retraite qui avait déjà essayé de faire inculper Hitler de haute trahison en 1938. Cet homme était pourtant Maréchal de l’O.T. Était-il possible qu’une faction des Chevaliers teutoniques ait refusé de suivre la logique nazie sous le prétexte d’assouvir la soif de pouvoir de leur chef ? L’assassinat d’Heydrich fut-il réellement, comme le prétend encore l’O.T., l’œuvre d’Immortels ? Ces questions n’eurent jamais de réponse concluante… La victoire des Alliés mit fin aux rêves illuminés des Teutoniques.

 

 

Europa Occitana

La division de l’Allemagne en deux blocs et l’hégémonie de l’URSS sur les pays de l’Est réduisirent le territoire de l’O.T. à une peau de chagrin. Même l’influence américaine en Allemagne de l’Ouest ne permit pas aux Teutoniques de retrouver un rôle d’importance dans la politique du pays. L’O.T. se cantonna alors à un rôle de force de frappe au service des instances du Temple, il perdit même le projet Garde Noire…

Garde Noire était l’appellation des forces armées qui devaient permettre au Temple de prendre le contrôle des États lors de l’Apocalypse. Le développement des troupes SS ne se fit originellement que dans cette optique, puis l’O.T, s’enfonça dans ses rêves de grandeur et perdit de vue le rôle qui lui avait été assigné par G. Au lendemain de la Guerre, le Temple devait se trouver un nouveau moyen d’obtenir relativement rapidement des troupes aguerries. La continuation du projet Garde Noire fut confiée à l’Ordre des chevaliers invisibles de Saint-André, basé en Angleterre. Ces agents infiltrèrent l’OTAN et mirent en branle le développement des réseaux stay-behind . Leur mission était, en cas d’offensive soviétique, de mener des actions de guérilla et de sabotage sur les arrières du Pacte de Varsovie. Les origines de ce concept sont à trouver dans le réseau Werwolf allemand en 1944 qui devait mener la résistance dans les territoires occupés par les Soviétiques. Ainsi furent développés les réseaux GLAIVE en Allemagne, Autriche, Belgique, Danemark, Espagne, France, Grèce, Italie, Luxembourg, Pays-Bas, Suède, Suisse et Turquie. Ces groupes recevaient une formation militaire poussée et un entraînement spécial pour des opérations de clandestinité totale. Coupés de la hiérarchie militaire classique, ils étaient sous l’influence directe de l’Ordre de Saint-André. Malheureusement, en 1990, l’existence du Gladio italien fut officiellement divulguée par le gouvernement Andreotti. Or il apparut que ce groupe entretenait des relations plus qu’étroites avec le mouvement d’extrême-droite du Prince Borghese. Les remous politiques occasionnés par ses révélations conduisirent à la dissolution des réseaux à travers toute l’Europe et les «gladiateurs» retournèrent dans l’ombre. Une fois encore, le projet Garde Noire était un échec.

 

Europa Slavia

L’Ordre teutonique se manifesta alors à nouveau auprès de G. La chute du rideau de fer devait lui permettre de canaliser autrement les sentiments nationalistes exacerbés dans les Pays de l’Est. En utilisant les réseaux d’extrême-droite et chrétiens traditionalistes, l’O.T. espérait pouvoir constituer la Garde Noire alors que l’Apocalypse approchait à grand pas. En réalité, les structures des Teutoniques étaient déjà prêtes. Infiltrés au sein de différents mouvements, leurs contacts étaient mûrs pour la réalisation des visées de G. Avec l’imminence de l’Apocalypse, les Teutoniques retrouvèrent un statut privilégié au sein du Temple.

Malgré l’échec de la mise en œuvre du Grand Plan en 1999 (cf. Livre du Meneur de Jeu, pp. 57 et s.), les Teutoniques revêtirent le Manteau Rouge. La trahison de l’OSMTJ laissait en effet une place vide au sein du groupe des cinq obédiences les plus puissantes du Temple. Ils échappèrent ainsi à la tutelle des Assassins. Évidemment, l’ensemble de l’O.T. n’eut pas cet honneur. Ce qui furent jugés indignes de porter le Manteau Rouge encadrèrent l’obédience des Chevaliers porte-glaive, une ancienne obédience de Manteaux Noirs promue au rang supérieur.

 

 

Ordo Teutonicorum

Grand Maître (Hochmeister): dirigeant suprême de l’O.T., il planifie les différentes actions des Teutoniques avec l’aide du Cercle et de la Diète… Il est directement responsable devant G du projet Garde Noire. Dans ce cadre, il s’occupe personnellement de la Crux Orientalis et délaisse les autres activités de l’Ordre. Il est assisté de la Diète, assemblée territoriale, et du Cercle, les 5 Officiers de l’Ordre. La procédure d’élection d’un Grand Maître se déroule comme suit. Le Consul convoque la Diète qui élit un représentant (commandator electionis). Les deux hommes en choisissent un troisième. Le trio en choisit un quatrième, etc. Jusqu’à ce que les treize représentants soient réunis. Ils choisissent alors le Grand Maître. Quand celui-ci a été désigné, le Consul l’amène dans les secrets du siège de l’Ordre pour lui remettre le sceau d’empereur du Monde, l’anneau d’empereur de l’Outremonde et le sceptre d’empereur du Drachenland.

Consul (Konsul): secrétaire général de l’Ordre, il organise la tenue de la Diète et les élections du Grand Maître et du Cercle. Durant la Diète, il tient le rôle de greffier. Il est désigné par le Grand Maître.

Sénéchal (Großkomtur): il est le plénipotentiaire du Grand Maître auprès des obédiences rattachées à l’Ordre. Véritable ministre des affaires extérieures, il assure la liaison avec les bailliages où est établi l’O.T. et avec les autres obédiences du deuxième degré.

Maréchal (Ordensmarschall): il gère tout l’aspect «militaire» de l’O.T. Ainsi, il supervise le ravitaillement en armes et équipement militaire, l’entraînement des chevaliers et est responsable des opérations devant le Grand Maître. Historiquement, le Maréchal a directement sous ses ordres l’obédience des Chevaliers porte-glaive.

Drapier (Obersttrapier): il s’occupe d’assurer déguisements et couvertures aux chevaliers de l’Ordre, non seulement en mission, mais aussi pour la vie quotidienne. Il supervise les fermes des Teutoniques et les contacts avec les compagnons.

Hospitalier (Oberstsplitter): il est l’intendant chargé de l’administration de l’O.T., de la gestion et des finances. A ce titre, il assure aussi l’entretien des refuges.

Procureur (Procurator): il est chargé des affaires disciplinaires, il dirige les enquêtes de police au sein du Temple. En contact avec les Gonfanoniers des bailliages où l’O.T. est présent, il est le responsable des Acolytes chargés de la police dans les commanderies. Enfin, lors d’un Grand Tribunal — qui prononce les sentences les plus graves à l’encontre des hauts responsables du Temple ou de ses grands ennemis —, il tient le rôle d’accusateur.

Gouverneur (Landkomtur): il est le responsable d’une province et dirige l’Ordre dans le ressort d’un bailliage. Il applique directement les décisions des membres du Cercle mais participe aussi aux décisions les plus importantes dans le cadre de la Diète (réunion du Cercle, des Gouverneurs et des Précepteurs). Il existe 5 provinces: Asia Slavia, Europa Slavia, Francia, Helvetia Germanica et Terrae Novae.

Précepteur (Hauskomtur): il dirige l’implantation des Teutoniques au niveau local, la Maison qui regroupe quelques commanderies. Chaque Maison regroupe une douzaine de Maîtres-Chevaliers.

Acolyte (Vogt): présent dans chaque Maison aux côtés du Précepteur, il assure le rôle de police des Teutoniques au niveau local (commanderies). Il est en relation directe avec le Procureur et avec le Gonfanonier de son bailliage. Sans être sous les ordres du Précepteur, l’Acolyte est cependant tenu de lui obéir dans toute situation d’urgence ou dans le cadre d’opérations. Enfin, il existe les Francs-Acolytes (Freivogt), présents dans les bailliages où l’Ordre n’a pas de présence structurée, leur nombre varie selon les exigences. Ils peuvent aussi être affectés à n’importe quelle Province dans le cadre d’une enquête secrète.

Maître-Chevalier (Oberstritter) et Chevalier (Ritter): ils constituent le gros de la troupe de l’Ordre et forment les troupes d’intervention du Temple. Ils sont parfois assistés des Manteaux noirs lors d’opérations spéciales. Ceux-ci sont alors appelés Novices (Knappe) et portent un symbole particulier: un manteau gris orné d’une croix en tau.

Familiers (familiares): il s’agit du terme particulier employé pour désigner les compagnons de l’Ordre.

 

 

Complots

Münster

En 1992, l’O.T. s’est arrangé pour que des documents erronés parviennent au Duc de Saint-Amand qu’il soupçonnait d’être un allié des Nephilim. Effectivement, par l’entremise de la Papesse, la Maison-Dieu a envoyé une phalange afin de récolter divers renseignements sur les mouvements des Teutoniques. La sixième phalange hypapiste a disparu corps et bien. L’O.T. a organisé un gigantesque traquenard, trois des phalangistes sont devenus des homoncules.

Crux Orientalis

C’est donc en 1990 que l’O.T. a récupéré le projet Garde Noire. Soutenant diverses factions d’extrême-droite dans des pays de l’Est, les Teutoniques ont pu former des unités d’intervention. Leur influence s’étend d’Allemagne à l’Ukraine, en passant par la République Tchèque ou la Pologne. Ils ont bénéficié d’une aide logistique bienvenue de la part d’anciens membres de forces spéciales russes, les Spetsnaz. Après la dissolution de l’URSS, nombre de ces soldats d’élite ont quitté l’armée pour créer des sociétés privées de sécurité, des milices ou pour rejoindre l’Organizatsiya, la mafia russe. D’autres sont devenus recruteurs et instructeurs pour le compte de l’Ordre teutonique. Les différents conflits qui embrasent l’Est de l’Europe depuis quelques années ont servi à endurcir les futurs Gardes Noirs. Mais le but du projet n’est certainement pas de rassembler une armée, il s’agit juste de former des cellules spécialisées qui interviendront durant l’Apocalypse pour prendre le contrôle de points stratégiques. De ce point de vue, la tâche est moins ardue. Et pourtant, la nécessité de coordonner toutes ces cellules pour en faire un véritable outil dans la prise de pouvoir du Temple rend l’opération très complexe. D’autant plus que l’O.T. ne se borne pas à former des petits soldats dans des camps secrets, au beau milieu de la Sibérie. Réunir ces hommes fanatisés nécessitait des prises de contacts avancées avec les différents mouvements extrémistes de chaque pays. Or, tenter d’avoir une politique d’approche globale avec des individus nationalistes et paranoïaques n’est pas aisé. Les Teutoniques ne sont certainement pas des spécialistes de la manipulation et leur action a entraîné de nombreuses tensions, même au sein des partis d’extrême-droite de l’Europe occidentale qui réunissent plusieurs factions et sensibilités. On pourrait citer le cas de la France où l’O.T. a dû empiéter sur le terrain des Chevaliers du Christ qui ont toujours eu des relations privilégiées avec les mouvements royalistes et catholiques traditionalistes. A de nombreuses reprises, les deux obédiences ont été à deux doigts d’entrer en conflit ouvert. Enfin, Crux Orientalis aboutit à un amusant paradoxe, alors que le projet fut originellement confié aux Teutoniques car on voyait en eux des soldats émérites, forgés par une tradition militaire séculaire qu’ils pourraient transmettre, c’est assurément plus des qualités d’organisateur, de gestionnaire et de manipulateur que dépend le succès du projet Garde Noire. L’O.T. l’a bien compris, il a aussi compris que tout n’était qu’une folle utopie rêvée par G. La complexité des relations qu’il a dû nouer avec les partis nationalistes de chaque pays, la taille critique de la Garde Noire qui nécessite désormais des trésors de diplomatie pour éviter d’attirer l’attention, la difficulté à tenir et coordonner des troupes particulièrement indisciplinées font que Crux Orientalis est au seuil de l’impasse. L’échec du Grand Plan en 1999 et l’incertitude quant à la date de son report est vécu comme un drame par les cadres du projet. Malgré la fière assurance de leur nouveau Grand Maître, ils ont bien compris que le réseau de la Garde Noire allait finir par se disloquer. Évidemment, ils savent aussi qu’ils n’ont pas le droit d’échouer, ils foncent donc vers le mur avec résignation… et une pointe d’amertume aussi.

 

Domus Mariæ

Il faut bien le dire, la perspective d’avoir un rôle perpétuellement cantonné à celui de l’exécutant des basses œuvres du Temple et celle de devoir tenir en laisse une meute de chiens fanatiques et racistes n’est pas forcément très drôle pour une éminence de l’Ordre teutonique. Loin du cliché, certains chevaliers pensent que les sacrifices consentis à la grandeur du Temple ont de loin dépassé toute récompense donnée par G. Avant l’échec du Grand Plan, il y avait la promesse de régner un jour sur l’Océanie… Le Grand Maître d’alors en avait éclaté de rire dans son bureau, et le Grand Maître riait très rarement. Entre accepter un pourcentage acceptable de victimes lors d’opérations de grande ampleur contre les Nephilim et faire périr des millions d’innocents, il y a un gouffre.

Il y a une certaine ironie dans cette situation : le fait que les Teutoniques, vus comme les pires fanatiques du Temple, remettent en cause le Grand Plan. L’explication se trouve assurément dans la longue histoire de l’Ordre teutonique. Les actuels chevaliers n’ont absolument pas oublié la grandeur et la superbe de leurs ancêtres au temps des croisades, à l’idéal de défense de la Chrétienté tout en acceptant le compromis pour éviter les massacres. On n’ira pas jusqu’à dire que l’Ordre de Sainte-Marie fut une assemblée d’humanistes, mais il s'y véhiculait une certaine conception de la chevalerie totalement absente dans les plans déments de G et des néo-templiers. Et cela gêne quelques-uns des Teutoniques. Pas tous, mais suffisamment pour enrayer la mécanique. Ces chevaliers, qui s’appellent eux-mêmes les «frères maristes», refusent catégoriquement les perspectives offertes par le Grand Plan. Ils n’ont aucune idée de la façon de procéder pour tout stopper tout en sauvant leur tête.

La trahison de Larménius de Jérusalem et de l’OSMTJ a ouvert une brèche dans la loyauté résignée de certains Teutoniques. L’idée de quitter le Temple n’a pas encore été exprimée. Par contre, l’accession au grade de Manteaux Rouges a quelque peu changé la donne. L’O.T. est enfin libérée de sa servitude envers les Assassins et peut désormais influer sur le Grand Plan. Hélas, le nouveau Grand Maître, est désireux de mener Grand Plan jusqu’au bout. Les « frères maristes » sont de plus en plus réticents à conduire la Garde Noire et participent de plus en plus activement à son implosion programmée…

Werwolf

L’Ordre a retrouvé des dossiers qui font le lien entre le projet du réseau de résistance Werwolf et certaines expériences menées par l’Ahnenerbe. Beaucoup pensent que Wolfram Sievers, chef de l’Institut, était le masque d’un Collège R+C. Ces mêmes documents font état d’incidents à la fin du XIXe dans la région de Prague qui dévoilèrent une Chapelle myste du Septentrion… Fasciné par l’opportunité de «créer» des soldats spécialisés dans la guérilla, les Teutoniques aimeraient en découvrir plus sur les opérations magiques menées par W. Sievers.

 

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